Il y a quelques jours, nous avons publié un article afin de développer les récentes polémiques autour de l’outil de mesure d’audience Google Analytics. Très récemment, le tribunal régional de Munich a ouvert un débat similaire autour de l’outil Google Fonts, qui permet aux développeurs d’intégrer très rapidement et facilement des polices de caractère sur des sites internet. A ce jour, près de 54 millions de sites internet utiliseraient Google Fonts. Néanmoins, cela n’est pas sans contrepartie : Google peut récolter l’adresse IP des utilisateurs du site internet utilisant Google Fonts sans leur consentement.
Dans sa décision, le tribunal allemand rappelle que l’adresse IP est une donnée à caractère personnel dans la mesure où l’exploitant du site web dispose de moyens légaux qui pourraient être utilisés pour identifier la personne concernée. Il s’agit d’une position partagée par les Etats-Membres, et qui a notamment été affirmée par la Cour de cassation (Cas. soc., 25.11.2020, n°17-19.523) .
Le tribunal allemand a condamné le responsable du site à payer 100€ au demandeur, en considérant que le traitement violait le RGPD dans la mesure où :
- « L’intérêt légitime revendiqué par le responsable du traitement était inapplicable dans la mesure où « Google Fonts peut également être utilisé sans qu’une connexion à un serveur Google ne soit établie, et que l’adresse IP de l’utilisateur du Site Web soit transmise à Google », d’autant que le webmestre a « perdu le contrôle sur les données personnelles au profit de Google » ;
- « L’adresse IP [des utilisateurs] a incontestablement été transmise à un serveur de Google aux États-Unis, bien qu’un niveau approprié de protection des données n’y soit pas garanti ».