Le 13 janvier 2022, l’autorité de protection des données (APD) autrichienne a estimé que l’utilisation du célèbre outil de mesure d’audience Google Analytics ne permet pas de respecter le RGPD. Selon l’autorité de protection des données autrichienne, l’utilisation de Google Analytics implique nécessairement un transfert de données vers l’éditeur de l’outil : Google, aux Etats-Unis. Il est considéré que la simple consultation de données hébergées sur le territoire européen par une personne se trouvant aux Etats-Unis constitue déjà un transfert. Au cours de la procédure menée par l’autorité autrichienne, Google a même admis que « toutes les données collectées par Analytics […] sont hébergées (c’est-à-dire stockées et traitées ultérieurement) aux États-Unis.«
Or, dans un célèbre arrêt Shrems II rendu en juillet 2020, la Cour de Justice de l’Union Européenne a invalidé le « Privacy Shield », la décision d’adéquation permettant de faciliter le transfert de données vers les Etats-Unis. La CJUE a en effet estimé que le droit nord-américain n’offrait plus de garanties équivalentes à celles du RGPD, notamment au regard des lois américaines relatives aux renseignement, permettant aux autorités d’éxiger l’accès à des données hébergées par les entreprises états-uniennes même si celles-ci se trouvent en dehors du territoire des Etats-Unis, par exemple en Europe. Ce n’est pas l’accès, en soi, qui fonde la décision de la CJUE, mais bien l’absence de garanties suffisantes pour les personnes concernées, comme le manque de voies de recours.
Pour autant, la CJUE n’a pas strictement interdit de transférer des données personnelles vers les Etats-Unis. Néanmoins, tout transfert requiert la mise en place de garanties appropriées visant à sécuriser les données personnelles : au regard de la décision autrichienne, ce n’est manifestement pas ce que Google a proposé a ses utilisateurs.
